Étude positive sur les marchés alimentaires – M. Rubin

Réalisée par Mme Rubin Monique, Présidente de la Fédération Nationale des Marchés de France selon différentes sources

Le commerce de détail hors magasin augmente à nouveau

Les ventes au détail du commerce hors magasin repartent à la hausse en 2024 (+2,3 % en volume, après ‑1,5 %), avec une progression plus forte dans le commerce sur éventaires et marchés (+3,6 % après -3,3 %) que dans la vente à distance (+2,2 % après -1,4 %). Source INSEE 2025

La forte adaptabilité des marchés à la demande et aux lieux explique en partie qu’ils se soient maintenus. S’il est possible de parler de renouveau des marchés, c’est parce qu’ils occupent de nouveaux espaces, qu’ils acquièrent de nouvelles formes, qu’ils attirent une clientèle plus jeune qui impliquent des rénovations des places urbaines. Le renouveau de cette forme de commerce se manifeste par l’apparition de nouveaux types de marchés, de nouveaux lieux ou temporalités auxquelles ils se déroulent, mais aussi leur multiplication, le renouvellement de leurs fonctions, à l’apparition de nouveaux acteurs (association, institutions), de nouvelles typologies de vendeurs ou de produits vendus afin de répondre à la demande d’une partie des consommateurs, clients et habitants.

Le prétendu processus de marginalisation des marchés demande à être relativisé et nuancé. En réalité, la forme du marché s’est adaptée aux changements qui ont marqué le commerce de détail alimentaire français au cours du XXe siècle, mais aussi des modes de consommation, des mobilités et des exigences des consommateurs.

Devenu un pilier du « patrimoine commercial » français, les marchés jouissent d’une réputation dans les représentations collectives qui se reflète assez peu dans le poids économique qui lui est reconnu. Les données quantifiées manquent alors que les aménités de cet événement quotidien pour les bourgs et les villes pourraient être plus étudiées, en termes de fréquentation et de rôle dans le dynamisme du commerce sédentaire local.

Le marché constitue un terrain d’analyse fertile pour comprendre la complexité de l’organisation du commerce alimentaire contemporain, et plus généralement des systèmes alimentaires locaux. Ils sont des lieux où s’imbriquent différentes stratégies et logiques commerciales, mobilités, pratiques sociales et représentations. L’analyse du marché classique exige de faire varier les échelles selon que l’on s’intéresse au marché et au lieu où il se tient, aux vendeurs et à leurs mobilités, aux produits et à leur origine, au lien du marché avec son environnement commercial plus généralement. D’une certaine manière, le marché classique peut être appréhendé comme un microcosme du commerce de détail alimentaire. Loin d’être figé dans le temps, il est soumis constamment aux changements, aux adaptations et aux arrangements quotidiens qui le structurent et le modèlent. Dans la mesure où il répond à une offre, qu’il s’adapte aux lieux où il se déroule en répondant aux attentes d’une clientèle, les marchés participent pleinement au commerce de proximité.

Source Navarro, A. (2019). Le marché de plein vent alimentaire, un lieu en marge du commerce de détail alimentaire français ? Géo carrefour, 93(1). https://doi.org/10.4000/geocarrefour.13909

 

Points nationaux :

Marchés en France : estimations convergentes 10 000–12 000 marchés (toutes tailles). Environ 40 % ont lieu dans des communes <2 000 hab. ; ~10 % des marchés dépassent 100 exposants. Sénat CCI Paris Île-de-France

  • Commerçants ambulants (toutes activités) : ≈145 000 entreprises. Sénat
  • Poids fruits & légumes sur marchés (profil 2016, repère) : F&L ≈ 35 % du CA des ventes alimentaires de plein-vent. La Route des Gourmets

 

Île-de-France Marchés :

≈ 550 marchés (niveau stable sur ~10 ans). CCI Paris Île-de-Franceamif.asso.fr

  • Taille des marchés (répartition nationale transposable) : ~50 % < 50 stands, ~10 % > 100. En appliquant cette structure à l’IDF, ~59 stands/ marché en moyenne ⇒ ~32 k stands toutes activités ; en supposant ~35 % F&L, ~11,3 k stands F&L (ordre de grandeur). CCI Paris Île-de-France La Route des Gourmets
  • Opérateurs amont/wholesale : MIN de Rungis1 200 entreprises (toutes filières ; F&L majoritaires). La Route des Gourmets

 

Autres régions :

Le nombre exact de marchés par région est disponible via la BPE 2024 ; ci-dessous, je combine indicateurs officiels (circuit court, densité de commerces alimentaires, exemples documentés d’exposants) pour qualifier l’intensité F&L.

  • Provence-Alpes-Côte d’Azur (Sud)
    • Producteurs : 42 % des exploitations en circuit court (et 60 % des producteurs de légumes) ⇒ forte présence de producteurs sur marchés. connaissance-territoire.maregionsud.fr
    • Exposition : marchés très fréquentés (littoral/tourisme), multiples halles ; densité élevée d’exposants F&L (qualitatif).
  • Occitanie
    • Commerce alimentaire spécialisé : forte densité de points de vente alimentaires spécialisés (3ᵉ rang métropolitain en densité / 100 000 hab.). Insee
    • Exposition : marchés emblématiques avec jusqu’à ~200 exposants (ex. Bagnères-de-Bigorre, repère). Tourisme en Occitanie
  • Bretagne
    • Exposition : marchés très saisonniers (multiplication estivale des stands). Ex. Arc Sud Bretagne : 60 → 200 exposants selon la saison sur les plus grands marchés. arc-sud-bretagne.fr
  • Pays de la Loire
    • Producteurs : 20 % des exploitations en circuit court (2020). Moins que la moyenne nationale (23 %), mais progression nette sur 10 ans. Inseepaysdelaloire-eco.fr
  • Nouvelle-Aquitaine / Auvergne-Rhône-Alpes / Grand Est / Hauts-de-France / Normandie / Centre-Val de Loire / Bourgogne-Franche-Comté / Corse
    • Tendance : maillage de marchés important en zones rurales et sites touristiques ; pour un chiffrage exact “# de marchés / région + estimation d’exposants F&L”, la BPE 2024 permet un comptage par région, puis application de la structure de tailles (cf. supra) pour estimer le volume d’exposants F&L. Insee CCI Paris Île-de-France

 

À retenir :

Nombre de marchés (ordre de grandeur)

  • IDF : ~550 (stable). amif.asso.fr Nombre d’exposants (repères)
    • D’après la CCI, ~50 % des marchés ont < 50 commerçants et ~10 % > 100. Bon repère pour estimer les tailles locales. CCI Paris Île-de-France  Paris (ville)Paris intra-muros : 81 marchés alimentaires (dont 72 découverts et 9 couverts). Paris
  • Très forte densité dans Paris & petite couronne ; image prix/qualité tirée par l’offre F&L, présence de marchés mixtes (alimentaire + non-alimentaire). Cour des comptes
  • AURA : • ≈ 1 500 marchés recensés en 2019 à l’échelle régionale (ordre de grandeur robuste pour la région la plus “marchés” de France), source étude académique GeoCarrefour. OpenEdition Journals
  • Gouvernance / opérateurs
    • Prépondérance municipale ; accompagnement régional/CCI et réseaux spécialisés (M ton Marché pour l’animation & les études). M Ton Marché
    • La région soutient les commerçants non sédentaires (subventions à l’investissement – matériel/étal/camion) : dispositifs régionaux actifs. Auvergne-Rhône-Alpes Les Aides
  • Occitanie : (densité élevée dans les métropoles & zones touristiques). Tourisme en Occitanie

Volume de marchés
Pas de total régional consolidé récent public identifié. Les grandes aires urbaines (Toulouse, Montpellier, Nîmes, Perpignan, Narbonne, Sète, Albi, etc.) concentrent de nombreux marchés hebdomadaires et halles. (L’office de tourisme régional référence > 600 évènements “marchés/foires” dans l’agenda, ce qui donne une idée de la densité, sans équivaloir à un décompte d’équipements). Tourisme en Occitanie

  • Gouvernance / opérateurs
    • Pilotage le plus souvent municipal (régie), parfois DSP sur des marchés structurants ou complexes ; Toulouse communique sur ses 3 marchés couverts (Carmes, Victor-Hugo, Saint-Cyprien) + de nombreux marchés de plein-vent. Toulouse Métropole
  • Nombre d’exposants (repères concrets)
    Toulouse – Marché Victor-Hugo : ~80–100 exposants selon les sources locales. Toulouse Tourismetoulouseimmo9.com
    Toulouse – Marché des Carmes : ~40–50 commerçants. Marché des Carmeswebtoulousain.fr
  • Forte identité “halles city” (Victor-Hugo, Carmes, Narbonne, Sète…) + maillage de marchés de plein-vent littoraux & ruraux très portés sur F&L de saison. Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée

Repères sur quelques lignes

🔎 Note méthode
• Paris : l’APUR publie des “emplacements” par marché (capacité max cadastrée), pas le nombre exact d’exposants du jour J. J’ai donc reporté l’effectif d’emplacements (utile pour jauger la taille). apur.org
• Les comptes varient selon les jours/saisons (ex. Lyon Saint-Antoine et Croix-Rousse). Les fiches officielles indiquent des fourchettes/jours différents, que j’ai reprises. Lyon+1