Édito de la Présidente : Octobre 2025

“2025 : l’année du marché en filigrane”

Tout au long de cette année 2025, nous, les professionnels des marchés, avons monté nos étals aux jours et heures habituels, mais nous regardons maintenant nos installations avec davantage de crainte que d’espoir !

La prudence des consommateurs, la concurrence internet accrue, les contraintes environnementales, la météorologie exécrable et la très très grande instabilité politique dessinent un horizon plus vulnérable qu’on ne l’avait anticipé. Tout cela n’a pas relancé les achats : les volumes restent mous, les ménages arbitrent et repoussent les extras. Résultat, sur les marchés, la file d’attente s’est raccourcie… et les marges aussi.

Pour que le marché ne devienne pas une mémoire, il faut sécuriser les accès logistiques, rétablir la confiance réglementaire, réinventer l’expérience client et densifier les coopérations locales (fédérations de commerçants, collectivités). Sans cela, 2025 pourrait n’être qu’une année de plus dans la lente rétraction d’un pan essentiel du commerce de proximité.

La Fédération nationale des marchés de France n’a de cesse de rappeler l’ampleur économique du secteur (plus de 150 000 entreprises, des dizaines de milliers d’emplois) et la nécessité d’un cadre plus lisible. Sur le terrain, les témoignages concordent : fréquentation en baisse, coûts en hausse, et parfois sentiment d’éviction des centres-villes au profit d’animations “clé en main” (halles gourmandes, événements privés) dont la rentabilité reste d’ailleurs discutée. Tout ce secteur “moderne” (Foodtrucks, “marchés festifs”, halles gourmandes) continue de susciter un engouement auprès des élus locaux comme des consommateurs mais il exige des capacités d’investissement, de communication et de différenciation que tous n’ont pas.

En bref : ce ne sont pas les commerçants ambulants qui ont changé de métier, c’est l’écosystème autour d’eux qui s’est déplacé !

Redonner de la lisibilité (réglementaire), de la fluidité (logistique) et de la désirabilité (expérience-client) est la condition pour que le “marché du cœur de ville” reste une institution… et pas un souvenir

Profitons de l’arrivée des campagnes électorales pour solliciter auprès des candidats trois chantiers immédiats pour que le marché redevienne un moteur indispensable en centre-ville :

  1. Pouvoir d’achat “visible” sur l’étal des produits manufacturés
    Rendre les promos lisibles et développer les moyens de paiement pour réconcilier sobriété budgétaire et achat plaisir. Les volumes en berne ne se rattraperont qu’en réenchantant l’usage hebdo du marché.
  2. Logistique respirable dans les ZFE
    Généraliser les passes marchands multi-villes et soutenir l’électrification ciblée des utilitaires (subventions “vitrées”, bornes portatives pour frigos). Les dérogations existent déjà ici ou là — il faut les homogénéiser.
  3. Météo & aléas : passer en “marché résilient”
    Au-delà des bâches : signalétique météo-proof, structures d’abri mutualisées, repli couvert négocié avec les communes, et communication “temps réel” (où, qui, jusqu’à quelle heure) pour éviter les marchés fantômes les jours de pluie. Le climat impose de nouvelles routines.