3 questions à Monique RUBIN, présidente de la Fédération nationale des marchés de France !
EDITO
« Afin de démontrer la richesse des outils et initiatives possibles, il faut faire valoriser la diversité des activités commerciales pratiquées en centre-ville.
L’objectif est de rappeler que les actions en faveur de l’attractivité du centre-ville ne sont pas l’unique apanage d’une catégorie d’acteurs. Une démarche réussie implique d’adopter une approche holistique qui fédère à la fois le monde du commerce, du tourisme, de la culture, des affaires, ou encore les citoyens eux-mêmes.
Le marché, une locomotive pour l’animation du centre-ville !
La réflexion doit être menée à l’échelle du centre-ville et passer par une concertation préalable sur les attentes des consommateurs et des commerçants, sédentaires ou non sédentaires. Le marché constitue un lieu de vie et d’animation central, au rôle bien souvent structurant pour les centres-villes. La fédération nationale des marchés de France joue un rôle essentiel dans la défense de la profession en étant consultant indépendant.
Ce sentiment d’être utile, voilà le moteur de la Fédération.»
Pouvez-vous nous expliquer en quoi les marchés sont des acteurs clefs pour la dynamisation des centres villes et comment la Fédération des marchés de France contribue à cette revitalisation urbaine ?
Les halles, les marchés de plein air et les activités commerciales ou artisanales sur le domaine public ont un poids économique significatif en France, favorisant les échanges commerciaux et soutenant les petits producteurs et commerçants. Les commerçants non sédentaires animent quotidiennement les marchés en créant un climat convivial, contribuant ainsi à tisser des liens sociaux essentiels dans les zones rurales, les villes et les quartiers.
Ces marchés assurent l’approvisionnement de proximité en produits alimentaires et non alimentaires, répondant aux attentes de productions locales et offrant des produits originaux et diversifiés.
Pour préserver ces espaces commerciaux et revitaliser les centres-villes, une collaboration étroite entre les représentants des organisations professionnelles, les municipalités et les instances régionales est nécessaire, ainsi qu’un soutien financier ciblé au niveau national.
Considérant l’importance des réaménagements urbains pour l’avenir des centres villes, comment envisagez-vous l’intégration des marchés dans ces processus de concertation ? Quels sont les principaux défis et opportunités à cet égard ?
Les halles et les marchés de plein air ont évolué pour s’adapter aux nouvelles tendances de consommation en proposant des produits diversifiés et des expériences uniques. Cependant, ils font face à des défis tels que la concurrence des grandes surfaces et des plateformes en ligne, ainsi que les contraintes réglementaires et sanitaires. Pour assurer leur avenir, ils doivent continuer à innover, se différencier et répondre aux attentes changeantes des consommateurs, tout en restant attentifs aux évolutions du marché.
Les halles et les marchés ont souvent coexisté dans les centres villes. Quelle serait, selon vous, la cohabitation idéale entre ces deux types d’infrastructures pour soutenir l’activité économique locale et répondre aux besoins des citoyens ?
Pour renforcer la fréquentation, l’offre doit également s’inscrire dans les nouvelles tendances de consommation : circuits courts, vente directe, produits bio, traiteurs… Il faut également diversifier les usages et la vocation du marché !
Albi : un modèle de partenariat pour dynamiser les centres-villes avec les marchés locaux
A titre d’exemple, nous pouvons citer la ville de Albi où le dialogue et la collaboration avec nos organisations locales ont été fructueux et ont pu aboutir à la mise en place d’un marché dynamique et vivant.
Souvent sont carrément exclus de ces nouveaux marchés ou halles classiques, des commerçants, artisans, producteurs « populaires » « bon marché » qui pourraient rentrer en concurrence avec les locataires de leurs nouvelles halles devenues galeries de restauration aux loyers souvent prohibitifs.
Comment la Fédération des marchés de France travaille-t-elle avec les autorités locales pour promouvoir et soutenir l’installation et le développement des marchés dans les centres villes ?
La Fédération Nationale des Marchés de France, créée en 1921 et régie par la loi sur les syndicats, représente les commerçants des marchés à travers 128 syndicats et environ 12 000 adhérents. Elle fonctionne de manière démocratique, organisant chaque année un congrès pour recueillir l’avis de ses membres et les représenter au plus haut niveau. La fédération est l’interlocuteur principal du commerce non-sédentaire, défendant les intérêts des professionnels indépendants au niveau national, régional, départemental et local, sans affiliation politique et en rejetant toute discrimination. Elle participe activement à toutes les instances concernant les professionnels non sédentaires et demande leur intégration dans les plans de développement du tourisme durable, soulignant l’importance des marchés comme marqueurs culturels et touristiques locaux.
Comment les marchés de France intègrent-ils les considérations environnementales et durables dans leurs pratiques et leurs organisations, en particulier dans le contexte de la lutte contre le gaspillage alimentaire et la promotion des produits locaux ?
Les professionnels des marchés rencontrent des défis variés dans la gestion de leurs déchets, avec des obligations différentes selon les villes. Malgré la loi anti-gaspillage, aucune disposition sur le traitement des déchets n’est appliquée de manière uniforme. Des redevances élevées et des augmentations de prix sans amélioration des services compliquent la situation. Une meilleure collaboration entre municipalités et associations pour la collecte des invendus pourrait être encouragée. Il est nécessaire d’instaurer une transparence sur les coûts de gestion des déchets et d’établir une réglementation nationale compatible avec les activités des marchés.
Les chiffres 2023 de l’Atlas national ACV pour la résilience des territoires est à présent disponible !
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